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JEAN-MARC ORTÉGA

Jiddu Krishnamurti : la quête de la vérité

Extrait du N° 8 de la revue Arts & Combats, (Mars 1994).

« La pensée agit toujours dans le champ du savoir, n'est-ce-pas ? Si le savoir n'existait pas, la pensée n'existerait pas. Elle agit toujours dans le champ du connu. Ainsi, ma vie, c'est le passé, parce qu'elle est fondée sur mon savoir, mes expériences, mes souvenirs, mes plaisirs, ma souffrance et ma joie, tous passés. Je projette mon avenir à partir de ce passé. (...) Et maintenant, je veux découvrir s'il y a une place pour la pensée ailleurs que dans ce champ, il ne reste à la pensée aucune action quand je me dis : "Je ne sais pas" ; vraiment, je ne sais pas. D'accord ? Cela ne veut pas dire que je m'attends à savoir, mais que je sais que, vraiment, je ne sais pas. Que se passe-t-il ? Je descends de mon échelle et mon esprit devient humble. Eh bien, cet état de "non savoir", c'est l'intelligence. » Ainsi nous parle Jiddu Krishnamurti.

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Entrer dans l'univers de Krishnamurti, c'est sortir du monde, et simultanément s'immerger corps et âme dans la réalité telle qu'elle est. En effet, il nous conduit à prendre conscience que nous vivons dans un monde d'illusions dans lequel règnent l'hyper-rationalité, la matérialité, l'argent, la peur, la recherche effrénée de plaisir. La pensée et ses nourritures : la mémoire, le passé, l'avidité, la "soif du devenir", sont l'agent de cette illusion. Dans ce royaume voilé, le moi est roi. A travers lui la mort et le temps, ces bizarres inventions de l'homme, rythment notre mentalité et notre comportement. Dans l'univers de Krishnamurti, l'homme est debout, sensible mais éveillé. Il voit les choses telles qu'elles sont. Chaque acte, chaque manifestation de la vie est beau et vrai, car il regarde et écoute sans mouvement. Il "voit" tout simplement. N'est-ce-pas terrible d'être obligé de mettre des guillemets pour redonner un sens à ce qui est clair de nature. Le contraire serait plus juste : "on voit", "on agit", "on aime", et Krishnamurti nous conduit à dissoudre les guillemets. "Je coupe du bois, je porte de l'eau". Cette lucidité sans préparation, cet état d'être instantanément est, nous semble-t-il, proche du Zen comme du Taoïsme ; Tchouang Tseu, Lao Tseu, Lie Tseu, et d'autres sages avec eux, ont évoqué cette essentialité d'être. D'une certaine façon, Thérèse d'Avila, Paracelse un peu plus tard, ou Silésius, tous un peu sous l'influence du maître Eckart, ont une approche du dépouillement de la personnalité qui s'apparente, sur le mode mystique, à la démarche sincère de Krishnamurti. Sans vouloir coller une étiquette à sa démarche, c'est auprès du Zen que nous trouvons le plus, non pas de références, mais de similitudes : l'absence totale de références, mais aussi cette façon de court-circuiter l'intellect pour atteindre la pensée qui est au-delà de la pensée (Hishiryo). Évidemment, dans notre démarche martiale, cet esprit lucide et sur-éveillé nous intéresse aussi au plus haut point. Mais gardons ces liens pour une autre fois.

ici et Maintenant[]

Alors que propose-t-il ? Qu'enseigne-t-il cet homme étrange ? Rien. Il n'a pas de directives à nous donner, pas d'enseignement à nous transmettre, pas de dogmes, pas de messages. "Je ne fais que vous montrer quelque chose que vous êtes libres d'accepter ou de refuser : cela dépend de vous, non de moi".

Son message est difficile à définir car il ne revendique pas de savoir, bien au contraire. Il est entièrement dans l'Être, ici et maintenant, et à ce titre, son "expérience", son illumination même, sont intransmissibles. "Pourquoi ressentons-nous le besoin de n'importe quelle tradition ancienne ou moderne ? Regardez, Monsieur, je ne lis aucun livre religieux, philosophique ou psychologique. Mais on peut pénétrer dans d'immenses profondeurs en soi-même et tout y découvrir. Pénétrer en soi-même, voilà le problème, comment s'y prendre ?"

La question est passionnante. La vérité sur soi, quel scoop! Sa lucidité et son intelligence extraordinaire, ce qui revient au même selon lui, permettent à Krishnamurti de mettre en place une maïeutique qui n'a jamais si bien porté son nom : l'accouchement des esprits. Son art est bien celui-ci, de faire naître l'esprit conscient dans l'Homme, accoucher de soi-même en quelque sorte. Que l'on récupère l'idée pure pour dire à ce moment c'est la deuxième naissance, l'avènement de l'embryon divin, le corps de lumière ou de gloire qui s'édifie, et aussitôt on tombe dans le piège du savoir hérité, et Krishnamurti nous tape sur les doigts gentiment en disant : "S'il vous plaît, Monsieur, ne me dites pas ce que vous avez lu dans les livres, voyez par vous-mêmes". Ou encore : "N'inventez pas, observez. Si vous n'éprouvez rien de vous-mêmes, ne devinez pas". Ou même : "N'acceptez pas, je vous prie, ce que dit l'orateur, mais observez les choses par vous-mêmes. Apprenez à les connaître, non de moi, mais apprenez à les connaître en observant".

Le ciment de l'amour[]

Sa façon de faire est simple et profondément humaine. Il raisonne avec une grande clarté et, ce qui est très rare, avec une extrême sensibilité. Il voyage en compagnie des mots, mais les mots ne l'intéressent pas. Les concepts et les idées n'ont de sens pour lui que s'ils cessent d'être considérés isolément. Il les relie avec une sorte de génie bien sûr, mais il ne fait pas d'effort pour réaliser cela car son ciment est l'amour. "Je crois que ce qui se passe vraiment est ceci : alors que vous me parlez (entretien avec le physicien David Bohm) — je l'ai remarqué — je n'écoutais pas tant les paroles. Je vous écoutais vous. J'étais toute ouverture à votre égard, non pas tant à vos paroles, mais au sens, à la qualité intérieure de votre sentiment, que vous vous efforciez de me communiquer. (...) Parvenir ensemble, ressentir ensemble ! Vous suivez ? C'est ainsi, me semble-t-il, que peuvent être brisés un conditionnement, une habitude (...) Quand vous vous adressez à ma conscience éveillée, tout est dur, habile, rusé, friable. Et vous pénétrez cette couche avec votre regard, votre affection, tout ce que vous avez de sentiment. C'est cela qui agit, et rien d'autre."

On peut commencer à comprendre Krishnamurti dans la mesure où l'on accepte la remise en question du savoir. On pourrait même dire la mise en question de tout savoir. La philosophie n'est-elle pas à l'origine, avant de devenir le joujou de certains intellectuels, l'art de poser les questions essentielles ? "... Je ne fais que vous montrer quelque chose que vous êtes libres d'accepter ou de refuser: cela dépend de vous, non de moi."

Ce qui caractérise Krishnamurti est précisément cette faculté de poser LA question, la question juste : celle qui articule notre conviction la plus profonde. Comme d'autres chercheurs avant lui, il déstabilise les certitudes rassurantes, il épure le raisonnement et critique, comme Kant mais à sa manière, la raison pure, remettant en cause du même coup la "pureté" de nos intentions, aliénées elles aussi à un terrible conditionnement. Emmanuel Kant a examiné la force de la subjectivité, notamment dans son rapport avec l'expérience, avec une certaine forme de conditionnement. Il critique le pouvoir de la raison en général, par rapport à toutes les connaissances auxquelles elle peut aspirer, et ceci indépendamment de toute expérience. Kant pose ainsi les bases d'une philosophie transcendantale, traitant davantage la connaissance qui s'intéresse aux concepts que nous portons sur les objets plutôt qu'aux objets eux-mêmes. Krishnamurti a aussi dans un certain sens une démarche intellectuelle complètement révolutionnaire, posant la relation avec l'autre au centre de son action. La remise en question permanente, à laquelle il nous conduit permet une grande fluidité des valeurs profondes, une circulation intense qui nettoie les vieilles idéologies, qui déracine les idées figées, qui empêche toute conceptualisation à priori. Alors quand le verrou saute, c'est notre confort intellectuel, notre équilibre affectif ou spirituel, qui vacillent. Puis, avec un peu de chance, nous nous retrouvons nus enfin. Satori éphémère... peu à peu le conditionnement revient. Fort heureusement certains de ses disciples, dont il n'est pas le maître, ont pu demeurer et vivre libre dans la vérité. Ainsi cette capacité à agir avec puissance et précision sur le point vital d'un raisonnement ou d'une structure mentale, fait sa force. Cette faculté le rapproche aussi du domaine des arts martiaux dans lequel être capable d'agir avec lucidité sur un point névralgique, quelque soit la difficulté, confère à la maîtrise. Je ne tiens pas ici à tirer Krishnamurti vers les arts martiaux, il en était très éloigné, non pas horizontalement, mais verticalement, ne travaillant pas sur l'harmonie par le conflit, mais sur l'harmonie par la vérité, hors de toute dualité.

L'harmonie par la vérité[]

En revanche, nous avons intérêt, nous artistes martiaux, nous adeptes de la voie du milieu, à nous élever vers sa conception de l'homme. Notre efficacité s'en trouvera accrue dans tous les plans. Fin stratège, d'une grande puissance d'esprit, il opère à la manière du "boucher de Tchouang Tseu", uni au Tao. Toujours simple, direct, souple, précis, il détache un à un les liens de l'illusion, en s'attaquant aux articulations de la pensée. Puis, lorsque celle-ci ne tient plus qu'à un fil, il coupe net. C'est alors un éblouissement, une prise de conscience instantanée. Mais la lumière est belle, souvent trop belle, trop forte, et beaucoup d'entre nous retournent dans leur caverne de Platon. Pourtant un jour il faudra ressortir de cette caverne obscure, quand le moment sera venu, et oser regarder la vérité en face. Se regarder en face. Ne cherchons pas d'autres solutions, il n'y en a pas.

La vérité est proche et lointaine à la fois. Il est facile et difficile d'y accéder, mais nous savons tous où elle se trouve ; c'est le passage à l'acte qui est entravé. Pourquoi ? Parce que nous évoluons dans un monde de croyances, d'idées héritées des autres, de symboles érigés en systèmes, en dogmes ; dans un monde où le vieux moi est bridé, dominé, discipliné, ne pouvant de ce fait subir aucun changement radical. Les forces conditionnantes nous empêchent d'être nous-mêmes et, avant cela, de nous voir tel que nous sommes. C'est cela qui bloque toute mutation profonde. Carl Rogers, psychologue et humaniste étonnant, nous dit aussi: "A partir du moment où je m'accepte tel que je suis, je deviens capable de changer." Certes nous savons, pour les plus experts d'entre nous, transformer "la pierre en sabre", mais pour atteindre "la parfaite lumière", dont parle Miyamoto Musashi, il nous faut tout revoir, tout balayer. Quelle est donc la bonne manière ? Je cherche sincèrement la vérité, mais suis-je dans la voie ? La bonne voie. Voici une petite histoire : Un moine zen passe et s'arrête aux abords d'une pauvre maison. Devant la porte il voit une vieille femme à genoux qui fouille furieusement les herbes et les cailloux. — Eh, que cherches-tu, vieille femme ? — J'ai perdu hier un petit diamant que ma fille m'a offert. Je ne le trouve plus, c'était mon seul trésor, dit-elle en larmes. — Te souviens-tu exactement où et quand tu l'as perdu, vieille femme ? — Pas exactement, mon bon moine, je l'ai sûrement fait tomber hier soir car je le regarde tous les jours, juste avant de me coucher. — Mais, alors pourquoi ne cherches-tu pas dans ta chambre? — Il fait trop sombre dans ma chambre, il n'y a pas de fenêtre, je ne pourrai jamais le trouver. Tandis qu'ici j'y vois bien mieux ! Il y a tellement de lumière. Le moine entre dans la maison, cherche un peu, et trouve le fameux diamant au pied du lit. "La vérité est à portée de votre main, elle est peut-être sous cette fleur devant vous." dit Krishnamurti. "Pour la chercher, nous devons comprendre nos relations, non seulement avec l'homme, mais avec la terre (...), dans la compréhension est la vérité et pour comprendre il faut de l'amour." Il ajoute aussi : "La vérité est en soi-même, il faut pénétrer en soi-même."

Pourtant pour atteindre cette vérité il ne faut pas de techniques, il ne faut pas de savoir, il ne faut pas de discipline ou d'ascèse. Que reste-t-il alors ? Rien. Krishnamurti établit avec nous un curieux dialogue au bout duquel on pourrait s'attendre à ce que, la porte enfin ouverte, il fasse passer un message, un nouveau savoir, une certaine philosophie même. Mais non. Il continue. Il pose encore des questions, toujours des questions. Pourquoi ?

Dans la tradition de Socrate, le dialogue, le questionnement
est chez Krishnamurti une voie royale qui doit amener la prise de conscience.

Un effort personnel[]

Parce qu'il n'a rien à nous donner. J'entends par là qu'il ne peut rien nous donner. Tant que nous sommes comme ces oisillons qui ouvrent le bec en piaillant, et en attendant que la nourriture tombe, fusse-t-il du ciel, rien ne peut nous enrichir vraiment. Il ne donne rien, et nous permet ainsi de découvrir par nous-mêmes. C'est cela son art. Permettre à chacun de vivre la naissance de ce qu'il découvre, de façon à ce que ce ne soit pas un savoir de plus qui sera stocké dans notre mémoire, et qui va s'empoussiérer au fil du temps. Il dit : "La vérité, étant aperçue, agira d'elle-même. Vous comprenez ? Et cette vérité, issue de la plus haute intelligence, agira selon le moment. (...) Vous vous efforcez de surmonter un fragment qui est la peur par un autre fragment. En vous y prenant de cette façon-là, vous ne pouvez pas vous en débarrasser ; il faut donc qu'il y ait une autre façon de vous y prendre avec ce fragment auquel vous donnez le nom de peur. Et la façon de vous y prendre, la voici : il ne faut absolument rien faire. En êtes-vous capable ? (...) Je ne peux rien faire au bruit que fait ce train en passant, par conséquent, je ne résiste pas, j'écoute d'une façon totale."

Krishnamurti cherche à nous mettre en contact direct avec un phénomène. Il ne veut pas nous communiquer quelque chose, mais il nous guide de telle façon que nous allons vivre une expérience immédiate, non intellectuelle, sans référence au passé, ni à un quelconque devenir. Proche du Zen ? Pourquoi pas, disons-le encore, mais alors proche des formes de zen dans lesquelles il n'y a pas d'ascèse. Proche aussi du Shaktipat, phénomène de prise de conscience subite qui se produit lorsque l'on entre dans la puissance de l'aura d'un "libéré vivant" (jivanmukta), un maître illuminé. Nous cherchons encore des références, n'est-ce pas ? Parce que ce qu'il nous propose est trop simple. Voici une anecdote :

Un jour, le swami Venkatesananda, avec qui Krishnamurti a eu des échanges extraordinaires, a répondu à la question d'un disciple de cette manière : — Maître, comment puis-je arrêter de fumer ? — Arrêtez. — Oui, mais maître, pour arrêter, comment puis-je faire ? — Arrêtez, répéta le swami. Pourquoi ce qui est dit n'est-il pas entendu ?

Fou et Sage[]

Bien sûr, c'est simple, mais nous n'avons pas l'habitude, ou plutôt nous avons des habitudes bien ancrées. Aussi Krishnamurti nous invite à considérer toute chose d'un point de vue, et avec un sentiment, hors de "la normale". Nous sommes, c'est un constat, normalisés. C'est pourquoi nous rejetons comme folie, ou élucubration de l'esprit, ce que nous ne comprenons pas. "La folie suprême n'est-elle pas de voir la vie telle qu'elle est, et non telle qu'elle devrait être ?" nous dit Jacques Brel, en citant Cervantes. Pour en revenir à cette forme éblouissante de transmission, nous constatons en maintes occasions que les points limites finissent toujours par se rejoindre, comme dans un cercle. Ainsi la folie et la sagesse sont très proches et très éloignées à la fois. Il est difficile de résister dans ce domaine d'évoquer un personnage étonnant : Ramakrishna. Ce dernier était fou, et reconnu comme tel, jusqu'au jour où l'on s'aperçut, en fait, qu'il était un saint. Prêtre de Kali, initié au vishnouisme, la religion de la bakhti, de l'amour, à l'islam, au christianisme. Mystique visionnaire dans toutes les religions, il était véritablement fou... de Dieu. L'un de ses disciple, Ranen, s'assit un jour près de lui. A peine l'eut-il effleuré du pied droit que l'effet fut immédiat. Ranen, qui deviendra Vivékânanda, perdit conscience, voyant que chaque chose autour de lui s'évanouissait en tournoyant. "Que me faites-vous ?" s'écria-t-il avec terreur. Il aperçut son propre moi, et l'univers disparut dans le vide sans nom.

La transmission[]

Il existe des modes de transmission de la connaissance très différents, mais il faut remarquer aussi que la connaissance elle-même peut être de nature très différente. "... Il nous montre ce qui est et ce qui n'est pas, et nous avançons pas à pas, d'évidence en évidence jusqu'à prendre contact avec la vérité." Quelle sorte de connaissance peut être transmise en dehors des mots, sans référence au passé, à la culture, au savoir ? Qu'est-ce qui est essentiel à transmettre ? La question est ouverte. La connaissance est au savoir ce que l'intelligence est à la pensée. Le partage de la connaissance, à la manière de Krishnamurti ou de Ramakrishna, ne peut être réalisé par des mots. De la même façon, l'éveil de l'intelligence, point central de l'action de Krishnamurti, dépend de l'immobilité et du silence de la pensée. A cette condition l'esprit est libre. C'est un peu ce que suggérait saint Paul en disant : "L'esprit vivifie, tandis que la lettre tue." On retrouve cette idée dans tous les grands courants philosophiques qui touchent à l'essentialité de l'être. Ainsi, dans le Tao to king de Lao Tseu il est dit : "le Tao que l'on peut nommer n'est pas le Tao." Les mots ici encore ne nous sont d'aucune utilité. C'est pour cette raison que Jiddu Krishnamurti prend le temps d'établir un contact profond avec ses auditeurs, afin de faire passer une forme d'énergie subtile dans les cœurs et dans les esprits. Sa rhétorique est simple : il nous montre ce qui est et ce qui n'est pas, et nous avançons pas à pas, d'évidence en évidence, jusqu'à prendre contact directement avec la vérité. Il n'y a pas d'argumentation intellectuelle, il lève le voiles un à un, patiemment. "Monsieur, nous avons contemplé ces collines, nous n'y pouvons rien changer, simplement vous avez regardé ; puis vous avez regardé en vous, et la lutte a commencé. Pendant un instant vous avez regardé sans qu'existe cette lutte (...). Puis vous vous êtes souvenu de la beauté de cet instant, de cette seconde, et vous avez voulu vous en saisir à nouveau. Attendez, monsieur, avançons. Alors que se passe-t-il ? survient un nouveau conflit : vous vous êtes lancé à la poursuite du souvenir mort de cette beauté, perdant en cela sa beauté vivante (...) Qu'est-ce qu'il y a apprendre ? Votre mémoire vous dit : "C'était tellement beau que je veux le revoir encore une fois." Dès lors ce n'est pas la beauté qui vous attire, mais la recherche d'un plaisir (...). Quand vous avez contemplé cette beauté, votre esprit était tranquille, silencieux, il ne s'est pas dit: "Comme je voudrais pouvoir la copier, la modifier, la photographier, ceci, cela et autre chose." Tout simplement vous regardiez. Cela si vous le voyiez tout est accompli."

L'essentiel[]

Je parle de J. Krishnamurti au présent, bien qu'il soit passé de l'autre côté du miroir, parce qu'il est impossible de l'inscrire dans le temps. Son discours, son approche de l'homme, eussent été les mêmes quelques siècles avant nous ou quelques siècles après nous, car il atteint le cœur de l'homme, ce qui est permanent dans l'être humain et qui ne varie pas. Il s'adresse à l'immanence de l'être, à l'essentiel. Maître du Jnana yoga, le yoga de la connaissance, mais aussi de la Bakhti, il apparaît à beaucoup d'entre nous difficile à comprendre car nous faisons l'effort de le comprendre au lieu de nous abandonner en confiance. Il a semé dans les esprits de quoi faire en sorte que chacun puisse accéder à la voie, la vraie : le chemin qui conduit à soi-même.

Biographie[]

Huitième enfant d'une famille de Brahmanes, Jiddu Krishnamurti est né en 1895 à Madanapalle, près de Madras. Chef de l'ordre de l'Étoile de l'Est, il quitte l'Inde, son pays natal, en 1911, afin d'achever ses études en Angleterre. A partir de 1924, il parle au château d'Ommen, en Hollande ; il n'a jamais cessé depuis de parcourir le monde. A travers sa quête de vérité, au fil de ses conférences, ses dialogues et ses œuvres, son autorité grandit. Il incarne aujourd'hui un véritable courant spirituel.

Krishnamurti cherche à libérer les esprits, mais il le fait sans messianisme. Il s'interroge sur les ressorts des actions de l'homme, sur ce que sont les causes du désordre dans le monde et dans chaque individu. Considérant qu'il n'appartient à aucun pays, nationalité ou culture, il ne reste jamais plus de deux mois au même endroit. Toute son œuvre est basée sur cette liberté, c'est en homme libre qu'il s'adresse à tous de par le monde. En fait, il parle à ce qui est commun dans l'homme, et nous invite à un véritable éveil, à une mutation spirituelle. Krishnamurti s'est éteint en 1986, à l'âge de 90 ans. (pp. 50-54)

Jean-Marc ORTÉGA.

Bibliographie[]

Éditions Stock + Plus

  • L'Éveil de l'Intelligence,
  • La Première et Dernière Liberté,
  • Aux étudiants
  • La Révolution du Silence
  • Se Libérer du Connu.

Édition Stock / Monde ouvert

  • Tradition Et Révolution.

Éditions Adyar

  • Face à la vie,
  • Aux pieds du maître, (sous le nom d'Alcyone en intégration de son passé de disciple).

Éditions Le courrier du livre

  • Au Seuil du Silence

Éditions Delachaux et Niestlé

  • Le Vol de l'Aigle,
  • De l'Education
  • L'Impossible Question
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