Sages
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L’Impensable présence au 'milieu du silence créateur'

                                                  David Ciussi

 

Et… si…. l’imprévisible…  attendu depuis si longtemps…     était caché…dans un mot…  ou…  dans un simple objet…  et si … c’était caché en nous… silencieusement présent !

Et si,  dans un simple mot, un simple objet ou une simple présence humaine, était caché le principe de la renaissance silencieuse… l’ ode de la vie. Et si,  dans ce presque rien presque invisible,  se dévoilait le presque tout…  Et si dans le presque rien de notre présence était dévoilé le presque tout… !

 

Question : Votre parole est énigmatique et mystérieuse pour nous (comme un moment où l’on ne comprend pas ) mais…  quelque chose s’interroge en nous ! !

      

David : oui, il s’agit d’ une interrogation silencieuse, sans réponse, comme un parfum de silence et d’ignorance féconde…

J aime explorer «  cet instant colibri » où le nectar des mots parfume l’atmosphère du voyage entre l’oiseau et la fleur…, inséparable moment de l’apparition jaillissant de l’ inexistant…     se révélant…  dans un temps aboli… intersection fragile…  au delà de nos  attentes….

 

Question : Qu’est-ce que le silence pour vous, comment l’explorer ?

 

David : Essayons d’être descriptif.   Le silence est le mouvement universel qui donne naissance à tous les sons et à toutes les formes. Il est l’intelligence créatrice qui se déploie dans l’univers. Ce principe créateur crée toutes choses partout en même temps, dans tous les univers, dans toutes les galaxies, dans chaque arbre, dans chaque instant, à travers l’espace; il se crée maintenant pendant que vous lisez ces lignes...  Ce silence créateur est intime en vous, il vous constitue, il n’est pas là-bas, plus loin ou sur une autre planète, non, il est à l’intérieur même de tout ce qui est vivant. Il se perpétue depuis des millions d’années en chacun de vous. Il est vôtre, et vous vous aimerez vraiment et totalement quand vous aimerez vivre en son cœur et lorsque vous percevrez qu’il vous aime. Concrètement, l’accès à ce mouvement du silence est une clef, une solution d’amour créative. Il nous permet sur le plan humain de communiquer entre nous tout en partageant cette intimité silencieuse.

 

Concrètement cela signifie qu’il n’y a pas une âme humaine qui ne soit née ou qui ne naisse immédiatement de ce silence. C’est la raison pour laquelle nous devons nous réconcilier avec l’acte d’être conscient car il permet d’être conscient de nous-mêmes, dans cet instant, par le silence qui se renouvelle immédiatement, ici et dans notre quotidien. Ce que nous pensons être, notre corps, nos pensées, etc… ne sont pas l’intégralité de notre vérité. Il nous appartient de « tomber en soi », et de devenir plus intime avec ce silence créateur omniprésent, en prenant conscience qu’il existe au cœur de nous-mêmes.

 

Question : Tomber en soi ?

 

David : La danse du silence créateur chante éternellement au milieu des pensées, des paroles et de toute chose créée,. Nous sommes cela, la parole vivante avant les langues humaines, l’oreille infinie et illimitée d’origine spirituelle, le mouvement du silence continûment reliant, nous sommes le ciel de l’univers où s’incarne miraculeusement la vie individuelle dans le temple du glorieux présent dans lequel s’actualise le monde.

 

Question : 'On oppose souvent le silence à la parole… nous savons que 'le silence n’est pas un absence de bruits mais qu’en est-il du langage humain ?

 

David : Les paroles cachent la pensée, la pensée cache le silence, le silence cache la parole divine… et la parole divine se cache dans la parole humaine… ! (rires) .

 

Aucune parole humaine n’est prononcée si ce n’est à partir de ce mystère vivant et divin. Essayer donc de penser tout le temps sans vous interrompre,  vous allez constater que c’est impossible, car vous avez besoin du silence entre deux pensées pour repartir vers une autre idée…..

Les paroles exprimées à partir de cette intime présence enchantent, émerveillent, elles n’éteignent pas le silence, elles ne le déforment pas. A ce niveau « AVERBAL »  c’est l’étonnement de parler qui est nourri.  Les propos apparaissent comme une onde sans bords à la surface d’un lac tranquille et transparent, au cœur de laquelle la voûte céleste et les abysses jouent à parler de l’origine du mouvement de la parole… Effleurements, scintillements, jaillissements et mélodies des mots créent des milliers d’éclats de soleil apparaissant et disparaissant sur la continuité du silence matriciel…   Chaque scintillement est comme une pensée ou une parole rendue visible par cette transparence divine. C’est le jeu silencieux de la vie. :« Tout existe,  J’existe » ( Si vous n’étiez pas présent rien n’existerait ) »

 

Question : Pour vous le fait d’apparaître dans un mouvement sonore « et le verbe s’est fait chair » et le fait d’en prendre conscience rendrait-il ce langage divin ?

 

David : Oui, c’est le langage de la joie et du silence créateur avant toute affirmation : dire ou être la vérité ou le mensonge… (Rires) Ces propos viennent d’apparaître à la surface du lac et s’effacent dans sa transparence…

 

Dans chaque scintillement s’exprime :

-       l’émotion pure du mouvement de la joie,  

-       le pur mouvement intellectuel d’être étonné de comprendre

-       le bouleversement suprême d’être présent et d’aimer penser et parler.

Ce processus du scintillement s’actualise par l’intermédiaire de notre silence vibrant, son primordial d’avant les langues humaines.

 

 

Q : Pour vous cette vacuité silencieuse n’est pas vide, ou rien, mais une vie émerveillée au cœur du mystère ?

 

David : Oui, un émerveillement d’être le mystère, sans les questions du chercheur perdu, simple présence paisible, chevauchant le mystère du miracle d’exister, sans pourquoi ni comment. « Et soudain je fus… intime et naissant du verbe créateur, naissant d’une pure

énergie comme le temps et l’espace,  libéré de mon image Monde d’il y a 15 milliards d’années » …     Seul Dieu voyage et crée d’ici à ici.

 

Question : comment accéder à cet émerveillement,  je  comprends vos propos mais la réalité du monde immédiat avec ses tensions internationales, ses conflits interfamiliaux me déstabilisent, je porte une culpabilité de ne pas pouvoir agir, je ne vois pas le sens profond de ce chaos… alors comment accéder à cet émerveillement ?

 

David : Avez-vous déjà vu un jeune chien courir après sa queue ou japper derrière son ombre ? Il ne sait pas qu’il court après lui-même.. il voit un objet et court après…il s’agite mentalement. Quand nous parlons d’une façon machinale comme un magnétophone, il n’y a personne à l’intérieur, pas de sujet ; c’est uniquement technique : la bobine  défile pour donner des sons artificiels et mécaniques. C’est ainsi que nous parlons habituellement, sans être dans l’acte même de l’étonnement, sans générosité ou sans émerveillement pour cette parole.  Ne pas voir le sens profond du chaos apparent, c’est comme courir derrière vos pensées pour qu’elles vous répondent… Ainsi l’être humain a le choix, il peut se dissimuler et se perdre à l’infini dans le bruit de sa pensée et ne pas se connaître…. ou être avant la tour de Babel…

 

Questionneur : comment… ?

 

Dans les rencontres avec les amis, nous explorons la voie du silence avec beaucoup d'humilité.  Des exercices spécifiques, pédagogiques, nous amènent à vivre une succession d’expériences directes, sans contraintes mentales ou concepts idéologiques. Bien sûr, il ne s’agit pas de prôner le mutisme ou l’affirmation d’un moi réactif qui saisirait toutes les opportunités pour manifester sa souffrance ou refuser la réalité de l’instant… Cette pédagogie ensemence la partie délicate et immaculée de la conscience et permet à notre humanité de devenir de plus en plus consciente. Ce silence est sans tapage mental, sans pensée inconsciente, sans préjugé réflexe, sans crispation automatique et sans émotion ou sentiment instinctif d’abandon.

 

C’est très étrange mais lorsque nous «sommes » ce silence, nous en devenons le mouvement qui est bien antérieur au « moi » réactif, (comme la rivière n’est pas seulement un volume d’eau mais un mouvement.) En devenant le mouvement du silence, nous découvrons que cette énergie infinie est créatrice et illimitée. Elle ne s’use jamais, elle est infiniment, en tout lieu et en tout temps en même temps, dans l’émergence de cet instant. Cet instant de silence spirituel est le seul temps réel vécu par votre conscience et l’adhésion absolue à ce temps immédiat va vous permettre de retrouver ce silence vibrant, bien réel, incarné, audible qui est votre demeure première. Le mouvement de ce silence spirituel va nous permettre de délocaliser cette habitude que nous avons d’écouter les sons par l’extériorité en croyant qu’ils sont toujours distants de nous. Lorsque nous traversons le seuil de l’extériorité par le son et le silence, nous prenons conscience que tout ce qui existe, existe en nous.

 

 Question : Je comprends votre visée mais l’humanité ne semble pas en prendre le chemin !

 

David : Notre humanité développe de plus en plus sa conscience, et cette conscience collective ne fait jamais d’erreur puisque c’est Dieu qui la crée. Vouloir toujours continuer à nous accuser ou à nous culpabiliser à tort au moyen d’une vérité conceptuelle n’est qu’un leurre de notre esprit,

Dieu n’invente ni la faute, ni le péché. L’humanité a malheureusement gardé cette vieille façon de ne pas comprendre ce qui se passe puisqu’elle n’a pas une vision globale de l’ensemble du dessein du créateur pour elle, ou plus précisément, de l’émergence de sa  propre divinité.

 

Question : Pour vous la pensée mentale est bruyante, mécanique, incapable de se libérer car elle se dissimule elle-même dans ses propres concepts c’est bien cela !

 

David : Le contact spirituel avec le son, la vibration du silence originel,  donne une visée pédagogique. Il nous apprend comment passer à travers la pensée mentale pour découvrir une expérience intime, fine et émouvante. Ce passage spirituel est une onde sonore, une énergie vibratoire, un chuchotement avec l’essence divine…  Servons nous donc de nos oreilles spirituelles pour être conscient de cette longueur d’onde bien audible. Dès lors, vous utilisez la connaissance du présent, vous ne pouvez d’ailleurs pas être ailleurs que dans cet instant ! Une fois découvert, les rendez-vous se donnent à volonté… l’un avançant vers l’autre en même temps… !

 

 

Question : Quelles sont les découvertes ?

 

David : Vous découvrez alors que vous n’êtes pas seulement une forme dans un lieu et un temps donné mais un « moi sacré, une filiation divine ». Vous comprenez ainsi qu’il n’y a pas d’intériorité et pas d’extériorité. Et lorsque vous découvrez que cela se passe en vous, vous devenez illimité et intemporellement silencieux…  Vous saisissez que ce son spirituel sous-tend toutes les paroles et toutes les pensées. Vous faites alors la distinction entre l’acte de penser et de parler machinalement et celui de vous exprimer avec amour en sentant que cet amour universel guide vos paroles et vos pas. Vous découvrez aussi l’éclosion d’une pensée, son pouvoir  extraordinaire qui est celui de vous faire voyager sans bouger et surtout de pouvoir comprendre l’autre… Vous êtes dans un mouvement de fusion avec l’autre, sans confusion, mais avec la joie incommensurable de ressentir que vous êtes lui.. parlant, vous écoutant, spectateur de cet étirement spirituel de l’un à tous les autres « je suis nous »

 

Question : qu’est-ce cela change dans le quotidien relationnel ?

 

David : Devenir le serviteur de cette intelligence silencieuse, c’est l’intégrer, l’incorporer ; Cela signifie que vous donnez de la vie à ces expériences dans la relation avec les autres au milieu de tout, champ de bataille ou champ de la  joie.

Monter au ciel est une chose inouïe mais descendre dans un paradis en chantier est encore plus extraordinaire… Réaliser la paix et boire à la source est une chose, donner à boire en est une autre.

J’insiste beaucoup auprès de mes amis pour que cette intégration porte des fruits dans le relationnel humain et non dans une fuite spirituelle déshumanisée. La pratique a un aspect ludique mais elle demande une grande exigence dans son  application .

La qualité d’intégration, et donc d’ensemencement, dépend du degré d’implication personnelle : il s’agit de se désapproprier de ses idées, de ses croyances et de ce « moi » qui se croit isolé ou supérieur dans son ego.

Pratiquer le silence n’est pas se taire ou ne rien ressentir. Il est bon de pouvoir parler, penser, avoir des émotions et réfléchir à partir de ce silence et de se sentir créé à partir de la conscience. L’ode de notre âme est antérieure aux sons verbaux, elle est « a-verbale »

 

C’est par une adhésion totale à la conscience de soi, dans cet instant, que nous allons retrouver le lien avec toutes choses. La priorité est de toujours s’étudier d’une façon ludique dans l’instant et de toujours porter notre attention sur la quiétude originelle plutôt que sur nos inquiétudes.

 

'Dieu a donné des ailes et des sons au silence pour nous amener jusqu'à lui. 'Dieu a inventé le langage du silence pour nous parler.

 

 

 

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