Sages
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Dans la cour de l'ashram, un homme est assis sur un fauteuil entouré de quelques enfants et adultes. On aurait dit un grand père au milieu des membres de sa famille. Il est vêtu d'un dhoti blanc. Son visage glabre est éclairé d'un perpétuel sourire qui parfois s'épanouit en un franc éclat de rire répandant une joie irrésistible et contagieuse. Pas la moindre trace d'ironie ou de condescendance dans ce visage. Pas de sévérité ou le moindre complexe de supériorité_ Pas besoin de m'enquérir s'il s'agit bien de Swami Ramdas. C'est une évidence qui s'impose d' ell e-même.

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Une personne en train de lui masser les pieds, s'écarte en me voyant arriver. Je fais respectueusement les salutations d'hommage au maître et dépose une des noix de coco à ses pieds.
Le swami parle un anglais impeccable. Son timbre de voix est simple et naturel. Aussi bienveillant que le sourire de son visage. Il me pose les questions d'usage à un nouveau venu. Le ton de sa voix. son attitude familière me font ressentir que je fais déjà partie du cercle de ses amis. Sa familiarité si j'ose me permettre d'employer ce terme- suggère celle d'un père envers ses enfants. Un père qui serait en même temps leur ami. Les intimes de RAMDAS et ses disciples l'ont surnommé « papa ». C'est certes l'appellation qui lui convient le mieux et peut-être aussi celle qui lui va droit au coeur.
RAMDAS est un SANNYASI (un moine) et porte la robe orange. J'avais une barbe et de longs cheveux comme vous » me dira-t-il un jour.
Pour l'instant, il est vêtu simplement du DHOTI blanc « comme tout le monde » car il a transcendé l'état monastique et est devenu un ATIVARNASHRAMI celui qui est passé au-delà des castes sociales et des stages d'existence.
Son crâne complètement chauve, son visage toujours glabre, sa bouche complètement dépourvue de dents (il ne porte même pas de dentiers) viennent encore contribuer à l'impression d'extrême simplicité qui se dégage de sa personne. Le SAHAJA AVASTHA. l'état parfaitement naturel, n'est-il pas aussi le dernier mot de la perfection ?
Swami Ramdas quand il était dans le monde s'appelait VITTAL RAO. C'était un brahmine du clan des SARASWAT, remarquables par leur brillante intelligence et leur esprit d'entreprise. Il était marié et une fille unique naquit de ce mariage. VITTAL RAO avait une solide culture occidentale et essaya plusieurs métiers. Le dernier était un poste dans une fabrique de tissus.
Il répétait souvent le nom divin de RAM. Son père l'entendit et ici communiqua le MANTRA (formule sacrée) complet de RAM.
« Le gourou de RAMDAS lui dit : mon fils. répète ce mantra constamment : SRI RAM JAÏ RAM JAÏ JAÏ RAM et tu obtiendras un bonheur immortel »'
L'effet de cette initiation semble avoir été extraordinaire car VITTAL RAO qui prit alors le nom de RAMDAS (le serviteur de RAM) quitta sa femme, sa fille unique et partit à l'aventure sur les routes de l'Inde comme tant d'autres moines errants, en répétant le MANTRA jour et nuit sans arrêt car son gourou lui avait dit de le répéter constamment

(...)

J'ai donc apporté du village deux noix de coco. J'ai offert la première. La deuxième est destinée à KRISHNABAÏ. KRISHNABAÏ est une disciple de RAMDAS. En réalité, elle est bien plus que cela : elle est la mère de l'ashram. RAMDAS dit souvent qu'elle a atteint le même niveau de réalisation spirituelle que lui-même. Il me racontera un jour l'histoire de cette femme extraordinaire et comment il a été « forcé » de lui donner le SAMADHI ;
Cette grande sainte qui s'occupe minutieusement de tous les détails du fonctionnement de l'ashram est effacée et discrète. Tout, dans son regard, ses gestes, exprime la douceur, la tendresse, le dévouement à tout ce qui vit.
Quand je pense à elle, je l'identifie presque automatiquementè la SITA du RAMAYANA, la femme idéale. Elle ne parle pas anglais et son HINDI n'est pas très courant. Quand à moi, je commence juste à baragouiner la langue officielle de l'Inde.
On m'indique une chambre très confortable et me voici provisoirement membre de l'ashram. ANANDASHRAM signifie : « l'ashram du bonheur ». Il mérite son nom car j'ai visité de nombreux ashrams dans l'Inde et j'ai vécu quelques temps dans certains d'entre eux. Mais aucun d'eux ne se rapproche d'aussi près de la définition de ce que l'on voudrait être : « un refuge de paix et de bonheur »
Même s'il n'a pas la splendeur des paysages himalayens, l'ashram est bâti dans un cadre riant et reposant pour l'oeil. C'est surtout le maître des céans et KRISHNABAÏ qui se sont ingéniés à rendre aux visiteurs le séjour aussi agréable que possible en ces lieux. Les visiteurs sont rarement nombreux et il n'y a jamais de foule bruyante, ni l'atmosphère bourdonnante des lieux sacrés de l'Inde. En principe, les visiteurs ne peuvent rester plus d'un mois à l'ashram. Il s'agit surtout de leur permettre de se recharger en énergie spirituelle ou de remettre sur pied les échoppes. « Nous rechargeons votre batterie » répète RAMDAS. Ensuite, ils doivent poursuivre leurs efforts dans une retraite solitaire.
Les repas sont pris en commun dans un petit réfectoire très propre. Les brahmines, les sudras, les européens, les hindous sont assis ensemble. Pas de distinction de caste. Ce complexe de caste si difficile à transcender par l'hindou moyen semble être absent ici.
RAMDAS dit un jour : « I am militant against caste rules » (je suis militant contre les règles
de caste). En fait, il emploie des HARIJANS (parias) dans les cuisines et pour faire le service.

Si l'on imagine le degré d'horreur que cela représente pour un hindou orthodoxe, on peut se rendre compte de l'amour et de la vénération qu'ont les disciples pour « papa » car ils acceptent sans murmurer cet état de choses.
La cuisine est supervisée par KRISHNABAÏ et sa rayonnante pureté est plus que suffisante pour effacer toute trace d impureté — si impureté il y avait- dans la nourriture. Les visiteurs reçoivent quatre repas par jour. Dans la plupart des ashrams, un repas à midi et une légère collation le soir. La nourriture répond en tous les points à la définition d'une nourriture « SATTVIKA : propre. appétissante, variée, agréable à de haute valeur nutritive, abondante etc... Les repas sont strictement végétariens : riz, légumes, laitages. ect... L'huile de noix de coco est utilisée en abondance.
Les serveurs s'ingénient à ce que l'on ne manque de rien et remplissent les plats vides à la moindre requête. Le matin, ils vous demandent si vous désirez du café, du thé ou du lait et en plus IGLI et DOSAI à volonté.
La grande salle de l'ashram est réservée aux KIRTAN, les chants religieux. Le public est assis sur des nattes à même le sol. comme c'est la coutume en Inde et RAMDAS sur un siège élevé. Le visage de « papa » en cette occasion rayonne et propage une atmosphère d'amour calme, paisible, rassurant et réconfortant. Les chants, la musique instrumentale, l'attitude des personnes présentes, reflètent cette même ambiance. L'ambiance qui environne un sage est souvent plus caractéristique de la voie qu'il indique que son enseignement verbal. Celle qui auréole RAMDAS est celle de la BHAKTI ( la voie de l'amour). La gamme des émotions est très différente de celle que l'on rencontre au Bengale_ Le Kirtan des Bengalis atteint souvent les notes aigus de l'émotion et produit quelque fois une tension nerveuse qui se traduir par des crises de larmes , voire même chez les sujets peu équilibrés, par une attitude exuberante danse, cris, sanglots, ect...
Je n'ai jamais observe de choses semblables autour de RAMDAS. Ici, les BHAVA ( emotions religieuses) sont lénifiantes, calmant l'esprit, l'incitant à se fondre dans ce refuge sous jacent de paix et de bonheur.

Source : http://fr.sages.wikia.com/

Sur la Trace des Yogis, Vijayananda

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